C’est un tableau présent dans la famille depuis de très nombreuses années. C’est Lucienne (Mamyne) qui l’avait acheté lors d’un voyage à Istanbul.

Il trône désormais au milieu de notre séjour à Porto. Mais son histoire semble curieuse. En analysant la signature, j’ai demandé à ChatGPT ce qu’il pouvait trouver. Ce n’était pas simple de tout décrypter, mais voici ce que nous avons réussi à conclure :
En souvenir d’Azyadé
au maitre Benoît Spiva
H. Atyanuk
1927
Et oui, si on se met dans un certain angle, on arrive à lire ce « en souvenir d’Azyadé ».
Ne sachant pas ce que voulait dire ce Azyadé, ChatGPT a répondu à mon interrogation :
🔸 « En souvenir d’Azyadé » :
C’est une piste très intéressante. Azyadé est le titre d’un roman très célèbre de Pierre Loti, publié en 1879. Ce roman se passe à Istanbul (alors Constantinople), où Loti raconte une passion amoureuse avec une femme ottomane voilée nommée Azyadé.
👉 Cela renforcerait le lien entre ce tableau et l’orientalisme littéraire et pictural, très en vogue au tournant du XXe siècle.
J’en ai discuté avec Laure, et il se trouve que Mamyne aimait beaucoup Pierre Loti ! On comprend facilement pourquoi elle aurait acheté ce tableau en particulier.
Je n’ai rien trouvé sur le « maître Spiva » (ou Spivak). ChatGPT me dit ça :
Spivak est un nom de famille connu, notamment :
- D’origine juive ashkénaze (Ukraine, Pologne, Russie, Europe centrale).
- Il peut aussi se rencontrer dans des cercles intellectuels, scientifiques ou artistiques (ex. : Gayatri Chakravorty Spivak, bien plus tardive évidemment).
La présence d’un « maître Benoît Spivak » à Istanbul en 1927 pourrait s’inscrire dans le monde des professeurs, musiciens, ou écrivains francophones de l’époque. Peut-être un enseignant ou un collectionneur.
Il m’a confirmé que « Spiva » était aussi une possibilité, de même origine que Spivak.
Au sujet de l’auteur du tableau, H. Atyanuk, il n’a pas d’informations en particulier sur un peintre avec ce nom. En revanche, il me dit que c’est un nom qui pourrait être d’origine ottomane ou arménienne.
À savoir : que ce soit Atyanuk ou Spiva, il ne s’agit que des graphies probables, leur lecture étant difficile.

Où se situe ce qui est représenté sur le tableau ?
Toujours avec l’aide de ChatGPT, j’ai fait une petite enquête. C’est le cimetière d’Eyüp, sur la rive européenne d’Istanbul. C’est un cimetière ottoman très important, avec de nombreux dignitaires qui y sont ensevelis. Il avait été un sujet de prédilection pour les orientalistes de la fin du XIXe siècle.
Sur l’article Wikipedia en turc, ils y font référence à Pierre Loti.
La colline Pierre Loti est une colline surplombant la Corne d’Or dans le quartier d’Eyüpsultan à Istanbul . La colline tire son nom du romancier et orientaliste français Louis Marie-Julien Viaud (Pierre Loti est son pseudonyme), qui est venu à Istanbul en 1876 et s’est installé ici, et était connu pour visiter fréquemment un café sur cette colline.
Le cimetière se situe sur cette colline, d’où la vue dégagée sur la Corne d’Or. Les photos anciennes du lieu ne laissent aucun doute.
Les arbres :

Sur celle ci, la forme de la Corne d’Or est identique à celle du tableau :

Mais nous ne trouvons pas de mosquée. Mais nous savons qu’il y en a une, c’est juste l’angle choisi des photos qui ne permet pas de la voir. Sur la photo suivante, on distingue nettement le même genre de chemin que sur le tableau :

Sur un ancien tableau, on distingue très bien la mosquée à deux minarets (chose rare à Istanbul), du même quartier :

Il s’agit donc très probablement de la Mosquée Eyüp Sultan. On peut la voir également sur le tableau suivant de Louis Émile Pinel de Grandchamp :

Mais la photo suivante, de 1934, ne laisse plus aucun doute :

Merci pour cette recherche sur ce tableau que nous avons toujours appelé « le cimetière d’Istanbul », tableau que Mamyne aimait beaucoup. En voyage là-bas en 1995 nous y sommes allés et vraiment peu de choses ont changé !
Avoir toutes ces infos sur ce tableau que j’ai vu toute ma vie est un petit bonheur étoilé. Merci !